Le rapport sur l'Egypte
Avant de quitter l'Egypte, Fourier avait été chargé de coordonner la rédaction du rapport de l'expédition. Sa charge de préfet et son éloignement de Paris lui ont valu d'être déchargé de ce travail, mais il conserva le soin d'en rédiger la préface, laquelle exigeait de bien connaître la contribution des différents auteurs. Il dut se rendre souvent à Paris pour suivre l'avancement de leur rédaction. A Grenoble, il fréquentait le milieu intellectuel, plus restreint qu'à Paris certes, mais très intéressé par les Belles-lettres.L'Egypte était à la mode en France après cette expédition, et plus encore à Grenoble, à cause de la présence de Fourier.
Le préfet avait été, le 13 floréal de l'an X, élu membre de la société savante locale, la Société des sciences et des arts (voir note au bas de la page suivante). En faisait partie également un professeur au collège de Vienne, Soninni de Manancourt. Ce dernier avait visité l'Egypte à partir de 1777 et publié, en 1799, le livre Voyage dans la haute et basse Egypte. Il devint un interlocuteur tout indiqué pour Fourier, mais il ne resta que deux ans en Isère. Un autre enseignant a été utile au préfet : ancien professeur à l'Ecole centrale, l'abbé Gatel, détracteur de Rousseau et professeur de Stendhal ; il s'intéressait au déchiffrement des hiéroglyphes. Fourier invitera quelques jours chez lui un moine copte, dom Raphaël de Monachis, qui était rentré d'Egypte avec l'expédition française et enseignait l'arabe à l'Ecole des langues orientales de Paris.
Fourier rencontrait ces érudits au cours de soirées culturelles qu'il organisait à la préfecture pour parler de belles-lettres, surtout de l'Egypte et parfois de science. Mais ses deux principaux interlocuteurs furent, bien sûr, les frères Champollion et surtout l'aîné.
Fourier avait loué une partie du château de Beauregard à Seyssins, juste en-dessous de la Tour-sans-venin. La construction était en mauvais état, peu élégante et accessible seulement à pied. Il y allait souvent en fin de semaine pour s'aérer, se détendre et travailler sur ses sujets de prédilection, l'Egypte et la théorie de la chaleur. Il y restait parfois plusieurs jours et seuls quelques amis, dont Champollion-Figeac, y étaient invités.
Fourier lut tout ce qu'il put trouver sur l'Egypte ancienne, venant des Egyptiens, des Grecs ou des Latins. Il compulsa les 35 volumes de l'Encyclopédie. Les connaissances des Egyptiens en matière de chronologie et d'astronomie l'intéressaient tout particulièrement.
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